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La voie obligatoire vers la décarbonisation
14/10/2022 - À la une

Les matériaux biosourcés vont devoir être utilisés plus massivement si l’on veut limiter les dégâts causés sur l’environnement par le secteur de la construction, gros émetteur de gaz à effet de serre. Mais le chemin est encore très long.

La crise climatique qui s’intensifie et les prix de l’énergie qui s’envolent nous poussent à réinventer les matériaux et méthodologies utilisés dans notre secteur, qui sont plus durables, plus locaux et neutres en CO2. S’il fallait voir dans cette situation un point positif, ce serait la prise de conscience qui s’opère parmi les Belges, plus conscients que jamais de la nécessité d’isoler leur habitation, vu la hausse vertigineuse des coûts énergétiques. Car, comme on le répète à l’envi, l’énergie la moins chère est celle qu’on ne consomme pas.


A ce sujet, les matériaux biosourcés devraient arriver en première ligne lorsqu’on décide de construite ou de rénover. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Ce sont des matériaux qui sont issus de la matière organique renouvelable (qu’on appelle aussi la biomasse), d’origine végétale ou animale. Le bois (bois d’œuvre et produits connexes) arrive en tête mais il est loin d’être le seul matériau biosourcé. On peut y ajouter le chanvre, le colza, le lin, la paille, le liège, la ouate de cellulose, le miscanthus (plante originaire d’Asie aussi appelée roseau de Chine), l’herbe de prairie…

 

 

Qui dit utilisation de matériaux biosourcés dit donc habitation plus durable et plus respectueuse de l’environnement. Le secteur de la construction est responsable de 9% d’émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Le Green Deal européen impose de réduire ces émissions d’au moins 55% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. En un mot comme en cent : si le secteur veut atteindre cet objectif, il n’aura plus d’autre choix que d’utiliser les matériaux biosourcés. Signalons ici qu’ils sont déjà une obligation aux Pays-Bas et en France où la loi « Climat et Résilience », votée fin juillet, imposera à partir de 2030 les matériaux biosourcés dans minimum 25% des rénovations lourdes et des constructions publiques.

Ces matériaux bas carbone trouvent leur application majoritairement dans le domaine de l’isolation thermique et acoustique. Le chanvre est également utilisé dans la formulation de bétons légers.

Pour être complet, on signalera qu’à côté des matériaux biosourcés il existe aussi des matériaux géosourcés issus de ressources d’origine minérales qui demandent peu de transformation avant leur utilisation (pierre sèche, terre crue…), et des écomatériaux qui ont un faible impact environnemental et énergétique au niveau de la composition depuis leur fabrication jusqu’à la fin de leur cycle de vie.

Les matériaux biosourcés sont issus de la biomasse qui est renouvelable par nature mais ils peuvent également être issus du recyclage. Ils offrent trois avantages majeurs. Primo, ils sont capables de capter le CO2 de l’atmosphère et de le stocker pendant toute la durée de vie du bâtiment. Secundo, leur transformation et fabrication demandent peu d’énergie. A titre d’information, l’énergie grise pour utiliser la paille dans l’isolation est 140 à 180 fois moins importante que celle qui sert à produire le verre expansé, les laines de roche ou le polystyrène extrudé.

( source : Isolation thermique et écologique JP Oliva – S Courgey )

 

Tertio, les matériaux biosourcés ont de très bonnes qualités hygrométriques et thermiques avec une excellente qualité de l’air intérieur car les seuils d’émissions de COV (composés organiques volatils) les plus exigeants sont très loin d’être atteints. Bref, utiliser les matériaux biosourcés, c’est non seulement respecter l’environnement mais c’est aussi se faire du bien sur le plan de la santé.

Rayon inconvénients, on dira qu’il s’agit de matériaux sensibles à l’humidité. Ils doivent donc être utilisés dans le cadre de filières sèches avec une préfabrication très poussée. Ensuite, afin d’améliorer leurs performances, certains matériaux biosourcés contiennent des produits connexes et additifs. Exemples : des liants (polyesters) pour leur cohésion et leur durabilité, des retardateurs de feu…

Reste que leur utilisation en Belgique fait encore grandement défaut. Quand on sait que le bois (utilisé en structure ou en panneaux isolants) est le matériau biosourcé le plus utilisé mais que seulement 7,7% des logements neufs ont été construits en bois en Belgique en 2020, on mesure mieux le chemin qui reste à faire. Les chiffres communiqués par Houtifobois confirment ce cruel retard : en 2011, la part des maisons en bois atteignait 6,59% du total de permis de bâtir autorisés pour un bâtiment résidentiel avec un seul logement (24.298). Neuf ans plus tard (en 2020), on en est à 7,71% (pour 24.035 permis autorisés. Le surplace est saisissant et requiert un réveil urgent des consciences.

 

Les isolants biosourcés ne représentent que 5% du marché de l’isolation. Le plus utilisé : la fibre de bois (50%). Une lueur d’espoir toutefois : la dynamique de ces isolants sur le marché est très forte avec des taux de croissance annuels de plus de 10% depuis plusieurs années. La crise actuelle va certainement renforcer leur utilisation. De même que les contraintes législatives actuelles et à venir.

 

 

Car selon une étude française (IFPEB et Carbone 4), si l’on veut respecter les objectifs de neutralité carbone pour l’ensemble du secteur du bâtiment, les volumes des produits bois vont devoir augmenter de 60% d’ici 2030 et être multipliés par 2,5 à l’horizon 2050 par rapport à 2015.

Le plus gros problème des matériaux biosourcés tient à leur utilisation encore beaucoup trop faible. Conséquence : les acteurs impliqués dans ce marché sont de taille modeste. Le savoir-faire est rare et le niveau d’industrialisation est très bas, ce qui implique des surcoûts évidents. Cette problématique ne sera résolue que par une hausse conséquente de la demande.

On peut toutefois conclure par une note positive : la filière biosourcée permet l’utilisation de ressources locales. La Belgique en possède en suffisance. Alors pourquoi attendre ?

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