La construction modulaire surfe sur la vague de l'innovation
Le secteur de la construction est en train de tourner une page cruciale de son existence. Durabilité, décarbonation, déconstruction, réduction des déchets, compensation du CO2 produit… Autant de termes et de concepts dont le sens était encore inconnu il y a quelques années. Sans parler des exigences énergétiques qui placent la barre toujours plus haut en termes de matériaux écologiques à utiliser et qui transforment en profondeur un secteur jusqu’ici très conservateur.
Encore trop peu utilisée en Belgique, la construction hors site a un bel avenir devant elle car elle offre des réponses concrètes aux problèmes actuels de la construction traditionnelle. Wood Shapers a décidé de suivre sa voie.
Dans ce contexte, il est judicieux de se pencher sur la construction modulaire qui n’est rien d’autre qu’une réponse à plusieurs enjeux auxquels doivent faire face les ouvriers d’aujourd’hui. Construire en usine plutôt que sur chantier procure un certain nombre d’avantages. Selon Jorgen Bornauw, le CEO de Wood Shapers, « La construction modulaire permet de réduire les complications d’accès aux chantiers qui se trouvent en milieu urbain dense, mais pas seulement. Cela permet également de diminuer notre empreinte carbone et la production de déchets puisqu’on allège les transports et la production. Autre point non-négligeable : si on construit en usine et qu’on monte sur site ensuite, cela veut dire aussi qu’on pourra facilement déconstruire quand le bâtiment arrivera en fin de vie. Le principe du cradle to cradle est ainsi illustré de la plus belle des manières. »
La construction hors site peut être vue comme le chaînon manquant entre le monde du bâtiment et celui de l’industrie. C’est très clairement une voie dans laquelle Wood Shapers veut s’immiscer. Le processus comprend la planification, la conception, la fabrication, le transport d’éléments préfabriqués afin de les monter sur chantier de façon qualitative et efficace. La notion de hors site regroupe les éléments préfabriqués simples jusqu’aux modules volumétriques 3D intégralement finalisés en usine. C’est la forme la plus aboutie du procédé qui peut être réalisé à partir d’une structure bois, acier ou béton.
On distingue quatre méthodes de construction hors site : volumétrique/3D/modules, surfacique/2D, hybride 3D/2D et sous-ensembles/techniques spéciales/cassettes.
La construction volumétrique ou 3D
La construction volumétrique ou 3D consiste à fabriquer des éléments surfaciques (murs, planchers, plafonds) complètement assemblés en atelier et équipés d’installations techniques telles que l’électricité, la ventilation, le chauffage et les sanitaires. Une fois l’assemblage réalisé, les modules 3D sont livrés sur site où il suffira de les positionner et de les « plugger » ensemble. Le Jakarta Hotel à Amsterdam en est un très bel exemple.
La méthode surfacique ou 2D
La méthode surfacique consiste quant à elle à produire en usine des éléments plans, tels que des murs, des planchers ou encore des façades qui seront acheminés sur site pour être mis en place. Ces éléments peuvent intégrer les châssis, le revêtement de façade et de sols, l’isolant, la finition intérieure. C’est la technique utilisée pour les ossatures bois, en rénovation et dans le neuf.
La construction hybride 2D/3D
La construction hybride 2D/3D combine les modules volumétriques et surfaciques. Un bel exemple est la construction de 25 logements pour la SLRB (Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale), chaussée Romaine à Laeken.
Les sous-ensembles
Enfin, les sous-ensembles se contentent d’intégrer des composants préfabriqués de plus petite taille dans une structure existante. Cette technique ne concerne pas les éléments structuraux du bâtiment. Ici aussi, on peut donner un exemple : les pods sanitaires totalement équipés qui sont placés en cours de construction du gros-œuvre.
Travailler en usine plutôt qu’en plein air comporte des avantages. Ne plus devoir affronter les intempéries qui retardent beaucoup de chantiers est sans doute le premier qui vient à l’esprit. Mais il y en a beaucoup d’autres. Temps de construction de 30 plus courts, moins de risques d’accidents, meilleure qualité et quantité du produit, réduction des déchets, coûts mieux maîtrisés, meilleur environnement de travail avec, notamment, une mixité homme-femme facilitée : la construction modulaire concentre énormément de points positifs.
Mais la construction modulaire constitue également une réponse à plusieurs problèmes actuels de la construction traditionnelle : une longue chaîne de sous-traitance et donc un cumul de marges en conséquence, faible taux d’investissement et productivité, main-d’œuvre vieillissante et peu formée, pénurie de main-d’œuvre qui s’aggrave et conditions de travail difficiles même si on note une amélioration dans ce domaine. A cette liste s’ajoutent des coûts non-maîtrisés, des délais non respectés, un mauvais bilan carbone et les nuisances pour le voisinage. Une étude a démontré que seuls 25% des projets à l’échelle mondiale sont livrés avec un retard inférieur à 10% de la durée totale prévue. La même étude montre que 69% des projets dépassent le budget initial d’au moins 10%...
Et qu’en est-il de l’unicité des projets ? Les architectes et maitres d’ouvrage aiment avoir une œuvre qui leur est propre. Même si ce nouveau processus de construction demande de changer les règles du jeu pour les différents intervenants, il n’est en aucun cas un frein à leur créativité, chaque projet restant bien unique. La conception modulaire sur mesure permet un design en accord avec les souhaits de chacun. L’enjeu sera de pouvoir modulariser la construction tout en faisant du sur mesure.
Comme la modélisation des informations de la construction (BIM), la construction modulaire est un processus intégral qui impacte toute la chaîne de l’acte de construire, du maître d’ouvrage à l’entreprise, et qui limite les travaux de contrôle et les suivis de chantier. C’est un gain de temps, d’argent, de sécurité et de qualité qui doit emmener la construction sur de nouveaux rails. Ceux du progrès et du respect de l’environnement. Ceux de la construction de demain.
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